La réhabilitation de la mastication constitue, ou devrait constituer, la finalité de tout traitement. Nous l’avons montré avec le traitement des classes III mais c’est aussi vrai pour les classes II. D’une part, parce que la mastication est la fonction principale de l’organe à traiter, d’autre part, parce que cette fonction, par les contraintes qu’elle engendre, induit des réponses « biologiques » qui lui confèrent un rôle morphogène important.
Et puis, comment l’orthognathodontie (l’orthopédie dentofaciale et l’orthodontie), spécialité médicale, pourrait-elle déroger à cette règle intangible de la médecine qui consiste à tenter de restaurer la physiologie de l’organe traité ?
En définitive, l’établissement de rapports incisifs normaux et l’aspect esthétique du sourire ou du visage, ne sont que des conséquences de la correction fonctionnelle.
La réhabilitation de la mastication est donc, pour nous, l’objectif fondamental des traitements des classes III comme de toutes les autres malocclusions.
La mastication, par son action morphogène, contribue à la stabilité ou l’instabilité de l’alignement dentaire à long terme. Pour l’influencer, il est un paramètre incontournable : la réorientation du plan occlusal dont le sens et l’intensité seront adaptés au type de malocclusions
Souvent, on identifie, à tort, le plan occlusal aux lignes cuspidiennes qui constituent, en fait, la combinaison des courbes de compensation et de l’orientation proprement-dite du plan occlusal.
Aucun moyen de mesure (y compris la céphalométrie) ne permet aujourd’hui de situer précisément le plan occlusal dans une bouche dentée. Le seul procédé utilisable est l’exploration de la cinématique qui permet d’apprécier les effets de cette orientation sur les mouvements mandibulaires.
Pour les malocclusions de classe III, les mouvements de diduction mandibulaire révèlent une composante propulsive relativement marquée, liée à l’orientation en bas et en arrière du plan occlusal. Par sa correction, on cherche à produire une cinématique essentiellement frontale.
En revanche, pour les classes II/1 sévères, la correction du plan occlusal vise, au contraire, à créer une cinématique comportant une légèrement propulsion.
Ces objectifs spécifiques impliquent d’employer des dispositifs adaptés à la malocclusion à savoir, pour les classes III, les actions conjuguées des meulages de la GOS en association avec la traction sur masque et, pour les classes II/1 sévères, l’utilisations d’une SEAF.
Pour toutes ces raisons, l’exploration de la cinématique mandibulaire est un acte ordinaire, mais essentiel, de la clinique quotidienne.